Intervenant : Alican Tayla, doctorant-chercheur, Institut français de géopolitique, Université Paris 8.
Modérateur : François Dillmann, professeur d’histoire-géographie.
Intervenant : Alican Tayla, doctorant-chercheur, Institut français de géopolitique, Université Paris 8.
Modérateur : François Dillmann, professeur d’histoire-géographie.
La Turquie est un Etat dont une partie des frontières s’étendent sur le territoire européen. En effet, ce n’est pas seulement 4-5% de son territoire qui est situé sur le territoire du continent européen, mais également pour partie sa principale métropole Istanbul. Peuplée de 15 millions d’habitants, Istanbul peut ainsi être considérée comme la métropole la plus peuplée d’Europe.
La population turque est majoritairement favorable à l’intégration de la Turquie à l’UE pour des raisons sociales, économiques et politiques. Les Turcs espèrent que l’intégration à l’UE leur permettra de développer l’économie de leur pays et également de circuler plus facilement vers les pays de l’UE afin de travailler à l’étranger et d’accroître les transferts de fonds. D’un point de vue politique, les Turcs perçoivent l’intégration de leur pays à l’UE comme un vecteur de démocratisation de leurs institutions et d’autre part une garantie du respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, telles que la liberté religieuse. Du point de vue de l’UE, l’intégration de la Turquie aurait plusieurs avantages. En effet, la Turquie est située dans un espace géopolitique stratégique : placée au cœur des détroits, elle possède également des frontières directement en contact avec la Russie et le Moyen-Orient. Dès lors, la Turquie représenterait un pont entre l’Europe et les espaces orientaux permettant à l’UE de développer son influence et son rayonnement au Moyen-Orient. D’autre part, d’un point de vue économique, l’adhésion de la Turquie aurait
pour effet d’accroitre les débouchés des entreprises européennes. De ce fait, l’intégration de la Turquie participerait à la stratégie d’autonomie européenne.
Toutefois, la Turquie ne répond pas encore aux critères d’adhésion définis par l’UE. En effet, le régime actuel mis en œuvre par le président Erdoğan ne répond pas aux valeurs et aux principes démocratiques de Copenhague car son régime est autoritaire, dictatorial et antidémocratique. En outre, son niveau de
développement économique est encore trop faible pour adhérer à l’UE. D’autre part, la Turquie représente une menace notamment pour la Grèce et Chypre, comme l’atteste l’occupation du nord de Chypre. Pays plus peuplé d’Europe, la Turquie représenterait un poids conséquent et déséquilibrant lors d’élections européennes. Enfin, la Turquie est actuellement une zone tampon pour l’UE, dès lors son adhésion enclencherait un contact direct avec des pays en guerre tels que la Syrie et l’Irak. Dernier point, la question des différences culturelles et de la religion musulmane reste un blocage mental pour une partie de l’électorat européen.